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À vos marques : pour qui travaillez-vous ?
À vos marques exploite la profondeur de champ du lieu comme métaphore du manque de vision à long terme de notre organisation mondiale. À l’entrée, des centaines de paires de souliers alignées côte à côte recouvrent le plancher. Cette présence évoque le geste d'enlèvement des chaussures à l'entrée des temples bouddhistes ou islamiques, mais rappelle aussi l'absence des gens qui devraient les porter ou qui travaillaient là auparavant. Les colonnes en enfilade sont habillées d'une fine pellicule transparente de plastique, procurant au lieu une luminosité particulière, en écho avec le rituel bouddhiste d'enrobage des arbres. Un tapis rouge détermine un passage qui nous oblige à faire face à l'espace dans toute sa longueur. ATSA fera appel aux gens lors d'entrevues médiatiques pour le don des paires de souliers, afin que celles-ci viennent s'ajouter à celles déjà en place. À la fin du projet, ces chaussures seront données à une organisation humanitaire.
De cet esprit de culte s’en trame un autre : celle de la course effrénée aux profits et à la mondialisation à tout prix, du culte du travail et de la performance. Les visiteurs sont invités à participer à cette course, à affronter l'immensité du lieu. Des tapis indiquent le tracé en ligne directe du circuit, un sprint de cent mètres ; cette course contre la montre amène les participants à vivre concrètement les pressions de la compétitivité, l'urgence d'agir et le fait que nous courons, certes, mais vers notre perte. Une machine à Coke, un vieil ordinateur et une machine industrielle génèrent un bruit d'usine préenregistré très
prégnant, alors qu'en sourdine, des prières et des litanies de diverses religions évoquent les déplacements des entreprises et les conditions précaires des travailleurs dans le monde.
Du 6 au 8 octobre 2001
Au 3ième étage de l'American Can, dans le cadre de Espaces Émergents
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Photos : ©Martin Savoie
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